Encore une interview passionnante d’Alain Damasio

Encore une interview passionnante d’Alain Damasio

Vous connaissez l’expression « Je bois ses paroles » ? Et bien quand j’écoute l’écrivain français Alain Damasio s’exprimer, je bois ses paroles. Alors quand celui-ci est interviewé par Clément Viktorovitch, ça vaut le coup de tout abandonner le temps d’une heure pour écouter.

Je ne sais pas s’il existe encore beaucoup de gens capables de laisser tomber leurs smartphones pendant une heure, et de consacrer ce temps-là à écouter et/ou regarder des interviews passionnantes comme celle dont il est question ici, mais il se trouve que je fais partie de cette catégorie de personnes. Et je ne dois pas être le seul quand on voit le succès par exemple de Thinkerview, entre autre.

 

Les caméras de surveillance généralisées dans l’espace privé et public : ce n’est plus un sujet

 

Comment ne pas être happé par une interview de cette qualité ? D’un côté un maître de la réthorique et de l’autre, un maître de la littérature SF français et du roman d’anticipation. Enfin, anticipation : pas tant que ça, tellement la technologie avance vite, beaucoup plus vite que les capacités d’adaptation de l’humain. La réalité rattrape la fiction comme l’explique Damasio lors de cette interview, avec l’exemple des caméras de surveillance généralisées dans l’un de ses premiers romans qui pouvaient apparaître comme quelque chose d’un peu exagéré il y a 10 ans et qui n’est aujourd’hui plus un sujet et ne fais (presque) plus débat. Même chose avec la notion d’humain augmenté par la technologie avec par exemple, les implants sous la peau ou dans l’oeil. Tout cela était évoqué dans les premiers romans de Damasio et seulement dix ans plus tard, nous y sommes presque…

Sans parler de fous furieux comme Elon Musk dont le projet est de faire communiquer entre eux des cerveaux humains en les interconnectants. Folie douce ou bien réalité ? Rendez-vous dans 10 ans ?

 

Une société de « servitudes volontaires » sous couvert d’une vie plus belle et plus simple

 

Bref : revenons à cette interview où il est question d’humain augmenté, d’économie de l’attention, du langage utilisé à contresens qui annule la compréhension et ne laisse pas de place à la réflexion, du rapprochement des objets numériques avec le corps humain, des traces numériques que nous livrons aux GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft) sur le réseau lors de nos navigations, de l’avènement d’une société de la facilité qui endort notre capacité à apprendre, comprendre et réfléchir différemment. La promesse des GAFAM pour que nous acceptions tout cela bien gentiment ? Nous faciliter la vie et éliminer les tâches sans valeur ajoutée dans nos vies personnelles et professionnelles. Ainsi, on assiste à une sorte d’assistanat de l’humain offert par les machines et autres algorithmes pour nous rendre la vie plus belle et plus facile. Ce que Damasio appelle nos « servitudes volontaires ».

Seul petit point critique depuis ma modeste fenêtre, concernant les propos échangés sur la seule chose dont les GAFAM n’ont pas encore réussi à s’emparer pour  le privatiser, à savoir : le langage. C’est en partie inexact. Car même si nous pouvons encore utiliser gratuitement le langage et les mots que nous voulons pour nous exprimer, je rappelle tout de même que le modèle économique de Google depuis l’année 2000 est basé sur les revenus perçus grâce à leur régie publicitaire Google Ads, qui s’appelait au départ Google AdWords. Le principe de cette régie est de faire enchérir les annonceurs sur des mots afin d’espérer apparaître dans les premiers résultats de recherche sur Google. En effet, 98% des internautes cliquent sur les premiers résultats de recherche proposés par Google. Quasiment personne ne va sur la deuxième page de résultats de recherche. Il est facile de comprendre les enjeux financiers des annonceurs pour apparaître en premier, en haut de page. Pour cela, ils sont prêts à débourser de fortes sommes en faveur de la régie publicitaire Google Ads, en misant toujours plus sur des mots clés liés à leurs business. Le fond de commerce de Google et ce qui lui permet d’investir dans la biologie, les nanotechnologies ou encore l’intelligence artificielle, c’est bien la capitalisation du langage pourtant gratuit aux départ.

 

Une interview qui donne une furieuse envie de lire le dernier livre d’Alain Damasio « Les Furtifs ».

Couverture Les Furtifs, de Alain Damasio

Partagez sur

Auteur

Le Curieux Nazairien est un blog made in Saint-Nazaire dont le sujet central est la musique. Greetings !

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *