Expo « Hypersensible » : de la fiction vers la réalité

Expo « Hypersensible » : de la fiction vers la réalité

Pourquoi l’exposition « Hypersensible » actuellement au superbe Musée des Arts de Nantes est-il un évènement que vous ne pouvez pas manquer ? Je vous explique.

L’expo est installée dans le patio du musée. Un patio aménagé pour l’occasion avec des arcades un peu partout, des cloisons, des passages, des sortes de fenêtres permettant d’apercevoir ce qui se trouve de l’autre côté… Comme une invitation à devenir voyeur par moment. C’est de bonne guerre puisque nous sommes également épiés, par ces présences silencieuses faites de silicone, de bronze ou bien encore de grès, disséminées aux quatre coins du patio.

Exposition hypersensible photo le curieux nazairien

Sculpture : John DeAndrea, Ariel II. Photo : Le Curieux Nazairien

 

Dans certains endroits de l’exposition, des végétaux impressionnant viennent narguer le blanc aseptisé des parois de l’expo, ce qui n’est pas commun à l’endroit d’un musée vous en conviendrez, lieu dont l’humidité est régulée au degrés près pour la conservation des oeuvres et où aucun insecte ne vit. Le spectacle se trouve aussi au « ras des pâquerettes » dans cette expo, pour les observateurs méticuleux.

 

les pissenlits de Tony matelli photo le curieux nazairien

Les pissenlits de Tony Matelli fabriqués en bronze. Photo : Le Curieux Nazairien

 

Et puis quand arrive le moment des rencontres, avec telles ou telles oeuvres, c’est le questionnement, l’émerveillement, l’inquiétude, le mimétisme, la drôlerie : le visiteur passe par plusieurs états d’âme est c’est bien là, la puissance du courant hyperréaliste.

 

Tip Toland, If I Hold My Breath, Will I Rise?-Le Curieux Nazairien

©Tip Toland, If I Hold My Breath, Will I Rise?, 2021, grès peint, rehauts de craie et pastel, cheveux, 38 x 61 x 33 cm. Courtesy Traver Gallery, collection Kathleen Leahy – Photo : Le Curieux Nazairien

 

Marc Sijan, Kneeling, 2015, résine polyester peinte à l’acrylique, acier, prothèses oculaires, cheveux naturels et vêtements, 97 x 61 x 81,28 cm. Courtesy de l’artiste

©Marc Sijan, Kneeling, 2015, résine polyester peinte à l’acrylique, acier, prothèses oculaires, cheveux naturels et vêtements, 97 x 61 x 81,28 cm. Courtesy de l’artiste. Photo : Le Curieux Nazairien

 

La sculpture hyperréaliste est née dans les années 60 aux États-Unis. Comme son nom l’indique, cet art vise à rendre compte du monde tel qu’il est, avec une précision chirurgicale, comme vous pouvez le constater sur les photos. Avec les effets spéciaux utilisés dans le cinéma des années 80, les techniques et les matériaux évoluent et les artistes hyperréalistes peuvent aller encore plus loin dans leurs créations. Rares sont les expositions en France qui présentent le travail des artistes hyperréalistes. Pour ma part, je conserve le souvenir indélébile de l’exposition de l’artiste belge Hans Op De Beeck, « Sea Of Tranquillity » au musée d’Art Contemporain de Saint-Nazaire, Le Grand Café, en 2011. Cette exposition fût un choc à plus d’un titre pour moi et c’est à cette occasion que j’ai découvert la sculpture hyperréaliste, puisque deux oeuvres de la sorte étaient présentées parmi les autres installations extraordinaires de cette expo.

Le plus intéressant et saisissant à mon sens, c’est que la sculpture hyperréaliste vient directement nous interpeller. Dans un premier temps,  probablement parce qu’il est plus facile de se poser des questions matérielles plutôt que de s’interroger sur les émotions que les oeuvres font surgir en nous, on s’attache et on se questionne sur les matériaux utilisés pour tel ou tel rendu. Qu’est-ce qui est vrai ? Qu’est-ce qui est faux ? Puis dans un second temps, on est frappé par les expressions des visages et la posture des corps qui se trouvent tantôt dans le jeu, tantôt dans l’introspection ou encore tout simplement dans la fragilité. Et c’est à ce moment-là que le visiteur commence à entrer en connexion avec l’oeuvre et l’artiste derrière l’oeuvre. Pour le meilleur et aussi pour le pire. En effet, j’ai vu par exemple, des personnes se trouver en difficulté face à cette oeuvre :

 

© Sam Jinks, Sans titre (Babies), 2013, silicone, pigments, résine, cheveux naturels, 36 x 36 x 18 cm. Courtesy de l’artiste et Sullivan+Strumpf - Photo : Le Curieux Nazairien

© Sam Jinks, Sans titre (Babies), 2013, silicone, pigments, résine, cheveux naturels, 36 x 36 x 18 cm. Courtesy de l’artiste et Sullivan+Strumpf – Photo : Le Curieux Nazairien.

 

En fait, on se rend compte que cette exposition vient tout simplement questionner tout un tas de choses en nous : notre rapport au corps, à la vie et à la fois la conscience de notre propre mortalité et par conséquence de notre fragilité, à notre imaginaire, à nos vécus, etc. Bref : c’est une expo qui vient bousculer et qui questionne encore quand on sort du musée, ce qui pour moi est le signe d’une exposition réussie. D’ailleurs, je considère que c’est pareil pour le cinéma, le théâtre et la musique.

 

© Tony Matelli, Josh, 2010, silicone, cheveux, acier, vêtements, 45 x 180 x 90 cm. Courtesy de l’artiste et Andréhn-Schiptjenko, Paris, Stockholm. Photo : Le Curieux Nazairien

© Tony Matelli, Josh, 2010, silicone, cheveux, acier, vêtements, 45 x 180 x 90 cm. Courtesy de l’artiste et Andréhn-Schiptjenko, Paris, Stockholm. Photo : Le Curieux Nazairien.

 

Une quarantaine d’oeuvres se trouvent dans le patio du musée à l’occasion de cette exposition temporaire. Avant d’achever ce billet de blog, je ne résiste pas à partager avec vous mon oeuvre préférée. Il s’agit de la « Flea Market Lady » de l’artiste américain Duane Hanson. Pour l’anecdote, sachez que la personne représentée existe véritablement puisqu’il s’agit d’une prof d’arts plastiques dont l’artiste à suivi les cours à une époque. Et puis enfin, sachez que le Musée des Arts de Nantes est la seule collection publique française à conserver une sculpture/installation de cet artiste.

© Duane Hanson, Flea Market Lady, 1990, résine peinte à l’huile, fibre de verre, technique mixte, accessoires. Musée d’arts de Nantes , achat avec l’aide du FRAM, 2011 - Inv. 11.7.1.S © Musée d’arts de Nantes. Photo : Le Curieux Nazairien

© Duane Hanson, Flea Market Lady, 1990, résine peinte à l’huile, fibre de verre, technique mixte, accessoires. Musée d’arts de Nantes , achat avec l’aide du FRAM, 2011 – Inv. 11.7.1.S © Musée d’arts de Nantes. Photo : Le Curieux Nazairien

Pour l’occasion, il a fallu sortir l’oeuvre des réserves et le musée a réalisé une vidéo de la mise en place. Regardez, ça vaut le coup d’oeil :

 

Enfin, si vous souhaitez avoir un aperçu du patio et de l’expo présentés par Katell Jaffrès, commissaire scientifique et responsable art contemporain du musée :

 

Si on ajoute à tout cela la jolie brasserie à l’intérieur du musée dont la restauration a été signée par notre chef étoilé local Éric Guérin, ou bien le luxuriant Jardin des Plantes de Nantes et sa petite terrasse ou boire un coup avec un cheesecake maison à deux pas du musée : vous n’avez plus d’excuses pour ne pas vous déplacer voir « Hypersensible ». J’espère sincèrement que ce petit billet de blog vous aura donné envie d’aller faire un petit tour à Nantes. Vous avez jusqu’au 3 septembre prochain 😉

 

Ressources :

• Les artistes présentent leur travail en vidéo 

Infos et réservation sur le site du Musée des Arts de Nantes

• Commissariat général : Sophie Lévy, directrice conservatrice du Musée d’arts de Nantes.

• Commissariat scientifique : Katell Jaffrès, responsable art contemporain du Musée d’arts de Nantes, assistée de Salomé Van Eynde, assistante des expositions du Musée d’arts de Nantes.

• Jusqu’au 3 septembre 2023

Je tiens à préciser que les photographies sont autorisées sans flash, ce que j’ai fait dans le simple but d’illustrer cet article de blog.

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Auteur

Le Curieux Nazairien est un blog made in Saint-Nazaire dont le sujet central est la musique. Greetings !

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